jeudi 25 septembre 2014

Sailor Twain par Taraxacum

Parfois, on aime bien faire son boutentrain, et on préfère lire les livres perdants que les sélectionnés. Du coup, la session n'en est que plus enrichie.
Voici cette fois l'avis de Tara sur cette BD (proposée par Nakiami) :

D'étranges êtres peuplent l'Hudson. C'est en tout cas ce que le capitaine d'un vapeur doit admettre en y repêchant une sirène, blessée d'un terrible coup de harpon à la queue. Il fait un pacte avec elle: il la soignera et la cachera jusqu'à ce qu'elle soit en état de replonger,mais jamais, jamais elle ne doit lui faire entendre son chant. Le marché conclu, on se laisse peu à peu happer par la vie à bord du vapeur, qui semble toujours si répétitive alors que la bateau monte et descend le fleuve, mais n'est en fait que l'eau qui dort. Les passagers vont et viennent mais l'équipage est toujours là et il semble qu'il se passe d'étranges choses à bord. Quid du comportement de Lafayette, le propriétaire? Est-ce simplement un cavaleur amateur de jupons ou est-ce plus compliqué? Et qu'est devenu son frère, le fondateur de la compagnie, mystérieusement disparu? Lafayette semble persuadé qu'il est vivant, mais alors pourquoi ne quitte il jamais le fleuve pour le chercher? Et ce mécanicien sourd est louche aussi...
La première chose qui frappe en ouvrant cet album est le trait: tout en noir et blanc, très doux et expressif, il convient parfaitement à l'ambiance onirique et se marie parfaitement avec le récit. Le récit en lui même est riche et nuancé, avec un scénario que j'ai trouvé très bien pensé. Un petit mot quand même sur la sirène: c'est une figure mythologique que je trouve parfois un peu sexiste, la vilaine femelle séduisant les pauvres mâles sans défense et les menant à leur perte sans qu'on comprenne trop ce que ça lui apporte, ça va cinq minutes mais franchement, ça manque complètement d'originalité depuis Homère et ça vire parfois au cliché. Ici, cet écueil est évité: la sirène a ses propres motivations, qu'on découvre petit à petit, et d'autres personnages féminins intéressants émaillent le récit. Un en particulier, mais ce serait vous gâcher une révélation qui n'arrive pas tout de suite d'en dire plus. J'ai trouvé ça particulièrement intéressant après avoir lu juste avant une autre bande-dessinée qui tombait je trouve dans le cliché sexiste à pieds joints. Comme quoi, il est possible de conter des histoires avec des sujets qui pourraient mal tourner, si c'est fait intelligement.
Je l'ai lu et relu avec plaisir et maintenant qu'il faut que je le rende à la bibliothèque, je vais vous avouer un truc: j'ai très envie d'aller l'acheter!
Une délicieuse découverte que je recommande chaudement.

Merci Tara, j'espère que ma bibliothèque l'a aussi ! ^_^

mercredi 24 septembre 2014

Annie Sullivan & Helen Keller, par Nakiami

Annie Sullivan & Helen Keller est une bande dessinée nous relatant l'histoire vraie de ces deux femmes.

Fin du XIXe siècle. Annie Sullivan, fille d'immigrés irlandais vivant dans le Massachussets, perd pratiquement la vue à 5 ans. Après une enfance très dure et perturbée, orpheline livrée à elle-même après la mort de son jeune frère dans un hospice aux mœurs douteuses, Annie décide de prendre son destin en main et plaide sa cause auprès d'un représentant de l'État, afin d'intégrer l'Institut Perkins pour les aveugles. C'est à 14 ans que, dépourvue de toute éducation et de savoir vivre, Annie intègre la célèbre école dont elle ressortira diplômée 6 ans plus tard. 

Helen Keller, quant à elle, est une enfant sourde et aveugle depuis sa plus tendre enfance, des suites d'une maladie. Ses parents ayant épuisé leurs ressources auprès de multiples médecins décident de faire appel à l'Institut Perkins pour les aveugles, dernier recours pour inculquer un semblant de vie et de joie dans le quotidien de leur fille de 8 ans. C'est ainsi qu'Annie Sullivan fait la connaissance d'Helen Keller, dont elle devient la perceptrice dans un premier temps, puis l'amie la plus chère.

Le caractère d'Annie, forgé par ses jeunes années dures et solitaires, et l'incroyable volonté d'apprendre d'Helen sont le fondement de l'histoire qui nous est ici racontée par Joseph Lambert. Nous suivons page à page l'évolution d'Helen dans sa compréhension du monde qui l'entoure, un monde qu'elle ne peut se représenter ni par la vue, ni par l'ouïe, et qui pourtant va envahir son esprit de toute sa complexité, sa splendeur et ses couleurs. Une histoire vraiment émouvante qui mérite d'être lue, pour sa véracité et pour la belle leçon de vie qu'elle nous apporte.

J'ai eu un peu de mal à m'habituer aux graphismes de cette bande dessinée, mais je trouve tout de même que l'illustrateur parvient parfaitement à représenter le manque : l'absence de la vue, de l'ouïe, mais également la solitude, la colère, ressortent parfaitement.

Au final, une lecture très intéressante, émouvante, relatant l'histoire de deux personnes admirables qui ont marqué le monde de la recherche pour les aveugles, les sourds et malentendants.