Archives

Cette page Événement suit le gré de nos envie. Et pour ce beau mois de mai qui s'annonce, nous avons eu envie de découvrir et de partager avec vous une nouveauté du catalogue Albin Michel, qui nous a fait de l’œil à toutes les deux. Il s'agit d'un ouvrage de Tom Cooper, Les Maraudeurs.




Petite ville de Louisiane dévastée par l'ouragan Katrina, Jeanette survit tant bien que mal grâce à la pêche à la crevette. Mais cinq ans plus tard, la marée noire provoquée par la rupture d'une plateforme pétrolière vient polluer ses côtes, livrant les habitants au désespoir.

On y croise quelques personnages hauts en couleur ou parfois franchement inquiétants : Gus Lindquist, un pêcheur manchot esquinté par la vie, accro à l'alcool et aux antidouleurs, qui a gardé au coin de sa tête son rêve de gosse : retrouver le trésor du célèbre flibustier Jean Lafitte ; Hanson et Cosgrove, deux losers magnifiques, et Wes Trench, un adolescent en rupture avec son père ; les frères Toup, jumeaux psychopathes, qui accessoirement cultivent la meilleure marijuana du coin; ou encore Brady Grimes, mandaté pour inciter les familles sinistrées à renoncer aux poursuites judiciaires en échange d'un chèque...

Mariant avec une virtuosité réjouissante noirceur, cynisme et humour corrosif, Tom Cooper réussit à rendre palpables la torpeur du bayou et le désarroi d'une communauté qui lutte tant bien que mal contre sa propre disparition.

 
Ne le cherchez pas trop vite en librairie, il n'y sera qu'à partir du 4 mai ! Mais si ce nouvel événement vous tente, nous vous en prêterons volontiers un exemplaire ^_^

Bonne lecture à tous !

---------------------------------------------------------------------------------------

Les Maraudeurs, par Nakiami

Décidément ce blog nous fait beaucoup voyager en ce moment... Après le bush australien, me voici au cœur du bayou, en Louisiane, avec ce roman de Tom Cooper, Les Maraudeurs.

Jeannette est une petite ville de Louisiane qui vit de la pêche à la crevette. Mais après la double tragédie de l'ouragan Katrina et de la marée noire, ses habitants luttent quotidiennement pour survivre au cœur de ces marais appauvris et pollués...

Dans Les Maraudeurs, nous suivons le destin de plusieurs d'entre eux, entre le père et le fils Trench qui essaient de survivre à la disparition de la mère lors de l'ouragan et à des crevettes qui ne les nourrissent plus, Lindquist, un pêcheur manchot dévasté par son addiction aux médicaments et persuadé qu'il trouvera le fameux trésor du célèbre pirate Laffitte au fond du bayou, les frères Toup, qui se sont attribué une île perdue dans le marais pour leur trafic de marijuana, ou encore Grimes, natif de Jeannette mais qui a la ville et ses habitants en horreur, obligé d'y revenir pour le compte de la société pétrolière qui cherche à embobiner les habitants en achetant leur silence sur la catastrophe dont ils sont à l'origine...

Dès les premières pages l'ambiance particulière de la Louisiane est bien présente, et on se laisse bercer par le destin de ces personnages. Mais ce roman est loin de n'être qu'un portrait de la dureté de la vie dans le bayou... Tom Cooper y dénonce aussi bien l'incompétence des autorités suite aux dégâts de Katrina et leur corruption quotidienne, que la main-mise des sociétés pétrolières sur l'image que le monde extérieur peut avoir sur la marée noire, tellement éloignée de la réalité de ceux qui vivent au cœur de ce drame écologique, et bien loin des considérations humaines.

Au final, Les Maroudeurs est un roman qui se lit très bien, avec des personnages attachants, mais qui soulève de nombreuses vérités cachées sous un humour noir et un cynisme permanents.


Oyez, oyez, braves gens qui venez juste d'atterrir sur cette page par mégarde…
Ne cliquez pas, vous venez de pénétrer dans un monde merveilleux, celui des Carolines.
Magiciennes des temps modernes, elles sauront vous faire oublier la grisaille pour l'arc-en-ciel, si si !
Et pour bien démarrer l'année 2016, un petit voyage à bord du train CaroLire va vous permettre d'explorer une capitale connue à travers une histoire.
C'est là l'événement de ce début d'année, les Carolines souhaitaient explorer 5 capitales du monde au travers des livres, et n'en sélectionner qu'une seule. 2 Carolines, 2 romans possibles pour une seule capitale choisie et vous aurez donc le choix entre ces 2 propositions, ou bien celui de lire les 2 livres pour l'évasion totale !!!! ^_^

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Voici les propositions faites pour chacune des 5 capitales :

Paris
Rue des maléfices - Jacques Yonnet  
Debout les morts - Fred Vargas


New York
  Les petites fées de New York, de Martin Scott
  L'attrape-coeurs, de J.D. Salinger


Londres
    Le Fantôme de Baker street - Fabrice Bourland
    Mary Poppins, de Pamela Lyndon Travers


Rome
  Princesses des os, de Charlotte Bousquet
  La fille du loup, de Barbara Wood


Tokyo
  Le dévouement du suspect X, de Keigo Higashino
  Tokyo, de Mo Hayder



Et la main innocente du nain a frappé…


Le lauréat de cet événement CaroLire Spécial capitale du monde est :

New York
http://www.babelio.com/livres/Scott-Les-petites-fees-de-New-York/142865http://www.babelio.com/livres/Salinger-LAttrape-Coeurs/4225

Bon, ba, y a plus qu'à embarquer pour le Nouveau Monde, cap vers la belle dame au front couronné et au corps drapé…

Les petites fées de New York vues par Gaenaria
http://www.babelio.com/livres/Scott-Les-petites-fees-de-New-York/142865Morag et Heather sont deux fées écossaises, qui portent le kilt et manient le archet de violon avec grande dextérité. Elles sont également expertes pour s'embrouiller et provoquer des catastrophes sans précédents, au point de se retrouver en plein New York. Mais s'il n'y avait que ça… car d'autres fées ont également débarqué à New York sans crier gare, dont les enfants du roi Tala de Cornouailles, ce dernier étant très mécontent et prêt à tout pour les retrouver. Quant aux humains, ils ne voient pas les petites fées normalement, mais Dinnie et Kerry ne peuvent très vite plus se passer de leur service, parfois à leurs dépens. Et que dire des autres fées, les newyorkaises, chinoises, italiennes et ghanéennes qui trouvent Morag et Heather très douées pour le grabuge en tout genre… il semblerait que la guerre soit déclarée, ou comment voir les fées de l'autre côté du miroir.

En voilà un roman qui ne paye pas de mine et qui se lit vite et bien ! Du kilt, du pure malt, du violon, de la gigue et des fleurs, un soupçon de bataille pas très rangée et beaucoup de confusion, voilà un bon résumé de cette histoire qui vous montre les fées comme vous ne les avez jamais lues : tantôt petites pestes, tantôt musiciennes hors pair, mais surtout accroc au whisky. Qu'elles soient d'Écosse, d'Irlande, de Cornouailles ou de New York, elles sont toutes différentes et se ressemblent. Petits êtres de 15 cm de haut, elles ont l'art et la manière de se faire aimer par tous, humains compris, surtout ceux qui ont le privilège de les voir. Mais ne vous attendez pas à de petits anges ailés, ce serait plutôt de petits diables sans les cornes mais bouillonnants de vie.
C'est assez frais et sympathique, ça part un peu dans tous les sens, et ça nous montre un New York différent de celui de Lisa Minelli ^_^ Je regrette juste que certains personnages n'aient pas plus de profondeur, car on ne s'attache pas vraiment à eux. Les deux petites fées espiègles peuvent sembler agaçantes, mais sont finalement juste maladroites et au final très sympathiques. Le tout est un bon cocktail pour se détendre mais reste, à mon goût, un peu trop à la surface des choses. C'est dommage car on sent clairement pointer une critique sociale sous les dehors simplistes de cette histoire, qui aurait gagné à être plus approfondie, ne serait-ce que pour ressentir un petit pincement au cœur de ne pas pouvoir les voir… ces "bonnes" fées ! Là, on a juste le sentiment d'avoir passer un moment, ma foi, agréable, mais pas inoubliable. Peut-être que mes attentes étaient trop fortes, surtout avec une préface de Neil Gaiman. À lire, tout de même, pour voir les fées autrement que celles de Disney et renouer le temps d'une lecture avec le monde de l'enfance (celui cruel et à l'irréalité déroutante).



L'attrape-cœurs, vu par Nakiami

Holden est un ado paumé de 16 ans, issu d'une famille aisée, qui se fait renvoyer une nouvelle fois de son collège, trois jours avant les vacances de Noël. Craignant d'affronter ses parents, il décide de fuguer. Écrit à la première personne, nous allons donc vivre avec lui, de l'intérieur, ces trois jours d'errance, de réflexions, de rencontres, au hasard des rues new-yorkaises.

L'attrape-cœurs  est un grand classique de la littérature américaine, mais je ne l'ai pas trouvé très évident à lire. Enfin non. Ça se lit plutôt rapidement, il n'y a pas de temps morts, on finit sans peine par s'attacher à ce jeune ado en pleine recherche de soi, mais déjà dès les premières pages, je me suis demandée où l'auteur voulait nous mener... Et ce sentiment ne m'a pas quittée une seconde, jusqu'à la fin de l'ouvrage. Il faut dire que le style narratif est assez déconcertant, c'est un ado qui parle, avec ses tics, ses fautes de langage, son vocabulaire "jeune". Holden erre au rythme de son impulsion du moment, de ses réflexions souvent contradictoires, de ses mensonges... L'innocence de l'enfance est toujours bien présente, mais on distingue déjà nettement les remarques plus pertinentes de l'adulte à venir. 

Je pense que c'est ce thème universel du passage à l'âge adulte et de la remise en question de tout ce qui nous entoure à cette période clé de notre vie qui est tant apprécié dans ce livre, et qui en a fait un classique. Mais pour moi, la question reste la même. Certes, j'ai été contente de partager un peu de cette expérience avec Holden, mais quel est le but de tout ça ? Qu'est-ce que l'auteur a essayé de nous dire ? Je crois que je suis complètement passée à côté de L'attrape-cœurs...

---------------------------------------------------------------------------------------------

Chères CaroLiriennes, chers CaroLiriens !

Après cet événement passionnant consacré aux Lames du Cardinal, les Carolines se sont rendues à l'évidence... Il y a toujours autant de livres à lire dans leurs bibliothèques respectives ! C'est pourquoi ce tout nouvel événement CaroLire, qui va se prolonger jusqu'à épuisement, va nous permettre de dépoussiérer un peu tout ça...


Le principe ? Chaque Caroline choisira dans ses livres 6 titres qu'elle désespère de pouvoir découvrir un jour... Tous les trois mois, un tirage au sort aléatoire sélectionnera, pour chacune, un titre de sa liste. Les Carolines auront ensuite jusqu'au tirage au sort suivant pour le lire et le chroniquer sur cette page. Si l'un ou l'autre (ou les deux) de ces choix vous convient, vos avis sont bien sûrs les bienvenus également ! 

Comment procédons-nous ? Nous n'allons pas vous dévoiler nos listes à l'avance... Pour ajouter un peu de suspense, il vous suffira de cliquer en temps et en heure sur les cartes ci-dessous pour découvrir les résultats des tirages au sort au fur et à mesure !

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Tirage du 29 juillet

Gaenaria : Âmes perdues, de Poppy Z. Brite
Nakiami : La Vampire, de Paul Féval

Les critiques

La Vampire, de Paul Féval, par Nakiami

La Vampire est un roman fantastique écrit par Paul Féval en 1865. La lecture d'un auteur du XIXe siècle n'est malheureusement pas toujours chose aisée pour nous, pour moi en tous cas, et j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire. Les 100 premières pages ont été fastidieuses, et il y avait même des phrases auxquelles je ne trouvais aucun sens, des divagations politiques et autres qui me laissaient de marbre. L'ennui m'a souvent prise et j'ai été maintes fois tentée d'abandonner.
Mais cela valait la peine de s'accrocher. Passé ce délai d'adaptation, la complexité de l'intrigue se révèle, puissante et passionnante, et cette écriture qui était si indigeste au départ devient indissociable de l'histoire. J'ai même fini par la trouver belle et par apprécier toutes ces figures de style et ce vocabulaire désuet. Paul Féval mêle très habilement l'historique au fantastique et aux croyances populaires dans ce récit, qui nous relate l'histoire de cette vampire qui ne garde sa beauté et sa jeunesse qu'en se recouvrant de la chevelure sanguinolente de jeunes filles, mais également une histoire d'amour inconditionnel entre une femme et un homme, entre un père et son enfant, et également entre un jeune homme et la médecine, entre un auteur et les acteurs politiques de son temps...

Au final, mon seul regret restera ma méconnaissance du contexte politique, très présent dans ce livre, qui m'a très certainement fait passer à côté de petites subtilités qui l'auraient rendu bien plus intéressant encore.

Je le recommande, mais ne vous laissez pas piéger par ces premières pages si fastidieuses...


La Vampire, par Ellane

"La Vampire existait, voilà le point de départ et la chose certaine : que ce fût un monstre fantastique comme certains le croyaient fermement, ou une audacieuse bande de malfaiteurs réunis sous cette raison sociale, comme les gens plus éclairés le pensaient, la vampire existait." Peut-être est-ce sa présence, et le relief de ses repas, qui créent la pêche miraculeuse du côté de l'île Saint Louis ? Peut-être fomente-t-elle le retour de l'Empereur, ou sa mort, qui sait ce qu'il peut se passer sous ses boucles brunes, ou blondes, on ne sait ?

En tout cas, dans le Paris de 1804, Jean-Pierre Séverin, dit Gâteloup, part sur ses traces. D'abord, parce qu'ayant toujours défendu la veuve et l'orphelin, il souhaite protéger Paris d'un monstre éventuel. Ensuite, parce que le mystère, c'est intriguant. Mais surtout parce que sa fille, la belle et pure Angèle, a perdu le sommeil et l'appétit à quelques jours de son mariage avec le beau René de Kervoz, neveu d'un Chouan recherché dans tout Paris. Et que ce dernier donne rendez-vous dans des églises à la femme la plus belle et la plus attirante, parfois brune et parfois blonde, la Vampire sans doute, ou sa sœur peut-être.

Regardez-les au tout début du livre : René marche vite, impatient, brulant d'une passion incontrôlable, littéralement subjugué par une femme, et portant le poids du remord vis-à-vis d'Angèle. Angèle, elle, peine à suivre son promis qui court en rejoindre une autre, avec son souffle court et la peur de le perdre qui lui coupe les jambes. Et Gâteloup derrière, le pied sûr et la démarche guerrière, et le cœur brisé du malheur de sa fille, bien décidé à découvrir le fin mot de l'histoire.

Pour moi, Paul Féval, c'est Le bossu, le roman de cape et d'épées par excellence, au même titre que les fameux mousquetaires de Dumas (qui étaient 4 si je ne m'abuse, mais c'est un autre débat). Je n'imaginais absolument pas que cet auteur avait réalisé des incursions dans le monde du fantastique, et que c'était une réussite ! La Vampire, c'est un roman d'aventures, un roman historique, un roman fantastique, et un roman "policier" également, avec de l'action, de la passion débordante, de l'amour pur et désintéressé, des trahisons, des complots, de la politique, une société secrète et une meneuse charismatique. C'est aussi la description de la vie au début des années 1800, un amour immodéré pour la ville de Paris (qui est traité comme un personnage à part entière, qui vit, frémit et ressent des émotions !), et une critique hilarante de l'administration policière de l'époque, avec des fonctionnaires dont l'incompétence semble proportionnelle avec leur place dans la hiérarchie (et pourtant, le simple troufion en tient déjà une sacrée couche).

C'est vrai que le début est un peu laborieux. Pour ma part, je n'ai pas eu de difficulté avec l'écriture de Féval, qui, bien qu'un peu pompeuse, me parait toujours élégante et parfois même poétique. Ce qui m'a gênée, un peu, est plus la chronologie des évènements, qui nous est relatée de façon un peu aléatoire, avec pas mal d'explications et de flashbacks dans les premiers chapitres, pour installer le contexte historique et politique de l'époque, ainsi que les personnages.

J'ai été en revanche charmée par le renouveau du mythe du Vampire (Bram Stoker n'avait pas encore écrit son Dracula lorsque La Vampire a été publiée) qui ne vit ou ne revit qu'en revêtant le scalp sanglant de jeunes filles assassinées (d'où la couleur changeante de sa chevelure !). La vampire apparait tour à tour comme un chef de guerre, une espionne, une amoureuse ou un monstre. Elle a ses propres buts qui ne seront dévoilés qu'à la toute fin, et malgré son pouvoir de séduction, est amenée à suivre sa propre loi.

J'ai été également très étonnée par l'imaginaire évoqué autour de la Hongrie, pays supposé originaire de la Dame, avec des personnalités exotiques, du folklore, et même des légendes, notamment celle d'Adhema. Et puis, je suis toujours amusée de ces écrivains du passé qui s'émerveillent pour les découvertes "des sciences nouvelles". Dans La Vampire, on semble croire que le salut de la santé passera par une nouvelle médecine décriée mais très efficace : l'homéopathie !

En bref, La Vampire, c'est un livre qui se situe avec bonheur au carrefour de plusieurs types de littératures, passionnant, plein de suspense et d'actions, et fantastiquement romantique ! A lire !



Âmes perdues, de Poppy Z. Brite, par Gaenaria

Lors du premier événement de CaroLire, qui consistait à HallowLire et invitait les participants à offrir un livre qui fait peur à la personne de son choix, à l'occasion d'Halloween, Caro m'avait proposé de lire ce livre de Poppy Z. Brite.
Il m'a fallu un 2e événement de CaroLire pour me plonger définitivement dans sa lecture que je qualifierai de mouvementée.

Nothing est un adolescent, un enfant de la nuit, marqué des stigmates de la vague gothique. Il se sent seul, incompris et décide d'aller retrouver les membres d'un groupe de rock qu'il a récemment découvert : les Lost Souls. Il fugue et part sur les routes sur lesquelles il ne va pas manquer rencontrer des êtres plus qu'étranges et excentriques, qui vont lui faire goûter à une vie complètement démente, de véritables "enfants de la nuit".

Je pense l'avoir lu un peu tard peur-être pour l'avoir pleinement apprécié. Si je l'avais lu ne serait-ce que dix ans plus tôt, voire même 15 ans plus tôt, j'aurai pu partager les émois des protagonistes. Cela dit, n'ayant pas traversé de période gothique pendant mon adolescence, ni même avoir touché à des substances plus ou moins planantes ne serait-ce que pour tester, j'aurai été tout aussi démunie et n'aurai pas plus partagé les ressentis de la plupart des protagonistes de cette histoire.
Ce roman m'a tout de même fait à nouveau goûter au "doux parfum" de ces années ingrates : l'impression de n'être pas tout à fait compris par les "vieux", cette colère qui nous habite sans jamais vraiment nous quitter et conditionne un comportement souvent excessif, que l'on regrette mais dix ans trop tard. Et ce désir d'être aimé et apprécié pour notre moi si spécial, nous poussant au paradoxe de nier cette originalité pour mieux se rapprocher des autres et appartenir à un groupe (nous rapprochant en cela de ce côté bestial qu'est la meute). Bref, l'auteur arrive quand même à transcrire toute cette étrangeté du passage de l'enfance à l'adolescence et celui de l'adolescence à l'adulte par le biais de métaphores souvent extrêmes du thème vampirique. C'est finalement assez bien fait même si la première partie m'a parfois énervé par ces caricatures trop poussées. À tel point que certains personnages en sont devenus très vite agaçants ! D'autres au contraire se sont vite fait aimés de par la finesse de leur caractère et de leurs traits, l'auteur ayant réussi à s'éloigner des lieux communs pour en faire de véritables personnes dans toute la complexité que cela implique. Mon préféré reste d'ailleurs le personnage de Ghost, que je trouve magnifique de beauté et de profondeur, petite lumière dans ce monde trop enténébré à mon goûts.

Pour résumer, la première partie est parfois un peu lourde et nous plonge dans un univers trop glauque et trop marqué par l'excès des adolescents. Mais si l'on tient bon, et l'écriture le permet aisément, on atteint la partie la plus intéressante et la plus poignante de cette histoire.
Enfin je le recommande chaudement aux parents qui sont parfois perdus face aux réactions souvent incompréhensibles et inexpliqués de leurs bambins devenus ados : loin de leur faire accepter les excès de leur progéniture qui semble devenir folle, il a au moins le mérite de les éclairer sur leurs émois.
À lire donc ! 

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Tirage du 30 septembre

Gaenaria : La Pierre de Tu-Hadj, tome 1 et 2, de Alexandre Malagoli
Nakiami : Elric, intégrale T1, de Michael Moorcock


Les critiques

Elric, Intégrale 1, de Michael Moorcock

Cette Intégrale 1 regroupe les 3 premiers tomes du Cycle d'Elric : Elric des dragons, La Forteresse de la perle et Le Navigateur sur les Mers du Destin.

On m'a beaucoup parlé de Michael Moorcock et de son Cycle d'Elric avant que je me lance enfin dans cette lecture. En bien, bien entendu, mais avec parfois quelques réserves sur l'écriture, qui peut être assez difficile par moments. Et bien, je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres lecteurs, mais pour ma part j'ai dévoré ces trois premiers tomes du début à la fin. J'ai été captivée, intriguée, passionnée par l'histoire de cet empereur albinos, descendant d'un peuple cruel et décadent, physiquement faible, drogué mais tout de même puissant.

Elric est un personnage des plus charismatiques auquel on ne peut que s'attacher. Son empire, Melniboné, les différentes contrées qu'il parcourt, ses aventures, son amour pour Cymoril, son combat contre ses propres faiblesses et contre son héritage, son pacte avec les Seigneurs du Chaos ou encore les Élémentaires... L'imagination qui ressort de ces trois premiers tomes m'a souvent laissée admirative et sans voix. Tout cet univers, toute cette magie, m'ont totalement charmée, envoûtée, et j'en redemande !

Alors à très bientôt pour la suite, et un grand merci à CaroLire de m'avoie enfin plongée dans cet univers fascinant !


La Pierre de Tu-Hadj, tomes 1 et 2, d'Alexandre Malagoli

Wilf est un jeune brigand d'une bourgade, dans un monde où la magie a existé, mais devenue taboue et crainte, suite à la folie engendrée.
Son rêve est d'être recruté en tant qu'apprenti par un maître tueur. Cruel-Voit, le plus redouté de tous, est en ville justement, et lorsqu'il décide de poser son dévolu sur Wilf, une nouvelle vie commence pour lui… s'il réussit à survivre à la nuit, car les autres jeunes maraudeurs ne sont pas prêts à laisser passer une aussi belle place aussi facilement.

Voilà le tout premier pas dans l'histoire gigantesque et digne d'une saga qui sera conté dans ces 800 pages riches en événements, rebondissements, aventures, etc.
Il s'agit là d'une grande épopée d'Héroïc-fantasy assez classique, avec un orphelin qui se découvre une hérédité royale, avec des magiciens, déesses et même des dragons (mais j'en dévoile un peu trop, pardon). Cela fonctionne assez bien, on a envie d'avancer dans l'histoire et de savoir ce qu'il arrive aux uns et aux autres, sachant que le suspens est préservé car l'auteur n'hésite pas à trucider celui-ci ou celui-là, même si le personnage était prometteur, même s'il s'agissait d'un personnage attachant. Et c'est en partie ce qui en fait une histoire de qualité finalement, car il conserve une certaine logique à son action : une situation où un héros ne peut pas survivre, clairement, et bien il ne survit pas. C'est tout simple et peut paraître bateau, mais combien d'histoires nous montrent des héros qui s'en sortent à chaque bataille et se font sauver les miches juste parce que l'auteur n'arrive pas à les tuer, même si pour le coup ils deviennent plus forts que des dieux ! Bref, tout ça pour dire qu'on ne connaît pas le sort des uns et des autres à l'avance, ni même où l'histoire nous mène.
Cela étant dit, il y a quand même quelques bémols, le plus important étant cette langueur un peu énervante qui fait traîner le roman et nous oblige parfois à nous accrocher pour continuer.
Certes, on ne le regrette pas, car il y a de très bonnes idées dans ce récit. Mais il est dommage que l'écriture mette parfois trop de temps à nous amener à l'action, au concret, au cœur de l'histoire.
Enfin, quelques personnages manquent un peu d'épaisseur : ils gagneraient à être plus complexes, plus approfondis. Peut-être est-ce une volonté de l'auteur de laisser les personnages secondaires un peu en surface, et de se focaliser sur le personnage principal, même si, finalement, on pourrait en distinguer deux voire trois principaux.
Une dernière petite remarque pour finir, celle d'une accélération de l'histoire parfois trop rapide par rapport à la lenteur avec laquelle elle a été mise en place… mais je pinaille, je sais. Cela dit, au bout de 2 tomes, de 800 pages, de 2 bons mois, je trouve que j'ai bien le droit de pinailler sur ce genre d'histoires, non ?
Mon sentiment est donc partagé, à la fois contente d'avoir découvert cette épopée, et déçue d'y avoir mis autant de temps, de ne pas connaître mieux tel ou tel personnage, d'avoir eu une fin logique, mais plan-plan.
Et c'est bien ces derniers mots qui restent malheureusement en tête lorsqu'on repense à sa lecture : une lecture plan-plan, sans vraiment une déception marquée, une sorte de satisfaction imparfaite, un contentement avec un arrière-goût de "bof, ça aurait pu être super, mais c'est pas mal".
Ceux qui ont des listes de livres à lire à rallonge, ce n'est peut-être pas la peine de s'y attarder, et ceux qui veulent une lecture sur le long-terme, sympathique et sans chichi, pourquoi pas ?

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Tirage du 1er décembre

Gaenaria : Même pas mort, de Jean-Philippe Jaworski
Nakiami : L'Adversaire, d'Emmanuel Carrère

Les critiques

L'Adversaire, d'Emmanuel Carrère

Fait divers (source Wikipedia) : Jean-Claude Romand, né le 11 février 1954 à Lons-le-Saunier, est connu pour avoir menti à ses proches pendant 18 ans sur sa vie réelle en s'inventant une profession de médecin et de chercheur et pour avoir assassiné sa femme, ses enfants et ses parents en janvier 1993, car ils étaient sur le point de découvrir la vérité.

Avouez qu'il y a là de quoi intriguer. Moi en tous cas, cette histoire vraie m'a intriguée, et on peut dire que ce drame a obnubilé Emmanuel Carrère pendant quelques temps. Dans L'Adversaire, l'auteur ne fait pas que nous raconter sa vision de cette tragédie, ce qu'il pense en être la raison. Il nous raconte comment, intrigué par cet homme qui a commis l'irréparable, il l'a contacté en prison afin de retracer sa vie, son parcours, et de comprendre comment une chose aussi impensable a pu se produire. Car il n'y a pas seulement le meurtre de sa famille, il y a également 18 ans de mensonges, d'une vie qui n'est et ne sera jamais la sienne, et que personne dans son entourage, pas même sa femme, ni son meilleur ami, n'ont pu soupçonner la supercherie.

Ce fait divers m'a intriguée, oui, et c'est bien ce qui m'a amenée à lire L'Adversaire jusqu'au bout. Car j'ai trouvé que ce n'était pas simple de lire Emmanuel Carrère. Le style est pompeux, lourd, assez indigeste, rendant la lecture pénible par moments. Heureusement que le livre est court, car je suis bien contente d'en être venue à bout.

Au final, le voile ne sera jamais complètement levé sur Jean-Claude Romand. Personne ne pourra jamais savoir qui il était réellement, pour la simple et bonne raison que, convaincu de ses mensonges, il ne le sait pas lui-même... Mais L'Adversaire apporte tout de même un éclairage intéressant, qui répond à pas mal de questions et assouvit sans problème ma curiosité.


Même pas mort, (Les Rois du Monde T1), de Jean-Philippe Jaworski

Je m’appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos. Pendant la Guerre des Sangliers, mon oncle Ambigat a tué mon père. Entre beaux-frères, ce sont des choses qui arrivent. Surtout quand il s’agit de rois de tribus rivales… Ma mère, mon frère et moi, nous avons été exilés au fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu’il n’est guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés.
Là-dessus, le temps a suivi son cours. Nous avons grandi. Alors mon oncle s’est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux problème : mon frère et moi, il nous a envoyés guerroyer contre les Ambrones. Il misait sur notre témérité et notre inexpérience, ainsi que sur la vaillance des Ambrones. Il avait raison : dès le début des combats, nous nous sommes jetés au milieu du péril. Comme prévu, je suis tombé dans un fourré de lances. Mais il est arrivé un accident. Je ne suis pas mort.

Le tirage au sort a été bénéfique pour moi, puisque le livre ainsi sélectionné faisait parti de livres déjà lus en 2014. Et comme je peinais à terminer La Pierre de Tu-Hadj, j'ai donc remercié la providence (ou tout autre bonne fée bienfaisante).
Ceci dit, ma mémoire est un peu mise à rude épreuves et je vais donc puiser dans la critique que j'avais déjà posté sur mon blog pour ce coup-ci. Pour éviter trop de doublettes, j'ai préféré prendre le synopsis de Babelio, différent de celui que j'avais fait plus concis sur mon blog.

Tout l'intérêt de ce roman, à mes yeux, réside dans la reconstitution d'une époque très souvent mal connue, du fait peut-être de la pauvreté des écrits du peuple gaulois lui-même, et du fait aussi je pense de la diversité et dissonance des tribus celtes. Quel bonheur de se glisser dans la peau de ce jeune biturige, de côtoyer les héros, bardes, reines et rois gaulois, d'explorer leurs coutumes et leurs croyances, le tout teinté d'une fantaisie si bien introduite et menée. Car l'on se sent plus proche d'une fiction historique que d'un récit de fantasy lorsque l'on démarre la lecture de ce roman. Des orphelins de père mis à l'écart par le méchant oncle usurpateur du trône, une mère revancharde rongée par la haine et pourtant mère aimante, des bardes aux mots de pouvoir et des héros guerriers prêts à en découdre, bouclier et lance aux poings. Mais là où cela devient encore plus intéressant, c'est lorsque l'auteur distille sa poudre de magie, par petites touches allant crescendo, des "vieilles" de l'île aux curieux habitants de la forêt, jusqu'au déroulement lui-même de l'histoire, contée par le personnage principal lui-même, et qui s'enroule et se déroule au gré du conteur, pour devenir lui-même un peu fantastique.
Le rythme n'est pas soutenu, ni trop lent non plus, il nous emmène et nous entraîne dans cette histoire ensorcelante sans nous perdre malgré le vent qui y souffle, les allées et venues dans le passé, et cette magie si réelle dans son irréel. Quant au verbe, il est égal aux autres récits de ce conteur, soutenu et digne d'un barde.
Et c'est là tout l'or de ce récit : illustré à merveilles ce que pouvait être un barde, ou tout du moins tel qu'il est présenté dans ce livre. Jean-Philippe Jaworski n'est pas un bon conteur, il détient le pouvoir des anciens celtes et nous offre la possibilité de s'en délecter à loisirs.

La suite ne paraîtra qu'en mai 2015 (au début, l'éditeur annonçait février 2015)… c'est le seul défaut de cette trilogie prometteuse !

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Tirage du 1er février

Gaenaria : La Nuit de Boro Island, de Daniel Coleman
Nakiami : Légende, de David Gemmel


Les critiques


Légende, de David Gemmel, par Ellane

Que faut-il pour écrire une légende ? Pas grand-chose, juste un David Gemmell ! Voici sa recette…

Il faut d'abord des attaquants, les Nadirs, avec à leur tête Ulrich et ses proches, qui a réussi l'exploit d'unifier les tribus Nadirs et à conquérir les pays avoisinants. La prochaine conquête est donc l'empire Drenaï, ancien empire conquérant, qui aujourd'hui passe son temps à négocier des traités commerciaux. Et entre les millions de Nadirs et le gentil empire agricole et commercial de Drenaï, il y a Dros Delnoch. Dros Delnoch, c'est la forteresse aux sept murs qui n'a jamais été vaincue, le dernier rempart face à l'envahisseur.
Mais aujourd'hui, Dros Delnoch a à sa tête le gan Orrin, un gentil gars bedonnant qui ne sait rien des choses militaires, et qui mène d'une main inexperte quelques milliers de fermiers armés pour l'occasion, et quelques militaires de carrière, des cavaliers, qui pensent moins que pis de leur commandant. Enfin, il y a également le Comte de Dros Delnoch, un ancien combattant et homme de mérite, qui se meurt d'un cancer.
Tous les espoirs sont perdus ! Ce qui n'empêche pas Druss le héros, et sa légendaire Snaga, la hache à double tête avec laquelle il a taillé sa route et sa renommée, de se rendre à Dros Delnoch. Il a beau avoir vieilli et souffrir du dos comme du genou, il n'a pas son pareil pour faire mordre la poussière à ses ennemis et redonner honneur et courage aux hommes. Et quelle autre occasion pourrait lui donner une mort digne de son passé ?
Il sera rejoint sur place par Virae, la fille du comte, partie en mission chercher les Trente. Les Trente, ce sont des moines aux pouvoirs psychiques capables d'anticiper la stratégie ennemie et de tenir tête aux shamans d'Ulric. Et puis, il y a son sauveur et amoureux, Rek, un berserk.
Voilà avec quoi on écrit une légende : des attaquants, des attaqués, une forteresse, une situation sans espoir et quelques héros…

Qui aurait cru qu'un livre de guerre aurait le bon gout de me plaire ? Certainement pas moi !! Légende, c'est mon premier David Gemmell, et je l'ai lu un peu par hasard, sur proposition de mon club de lecture préféré. Je n'y suis pas allée en courant, c'est le moins que l'on puisse dire. Plutôt en pensant l'arrêter si je voyais que ce n'était pas mon genre. Bref, j'y suis allée piano-piano sur les premières pages, et suis arrivée au bout de ses 500 pages en trois jours !!
Alors, pourquoi ça m'a plu ? D'abord, parce que la guerre en elle-même, finalement, si elle est au cœur de l'intrigue, n'est pas l'essentiel du roman. L'essentiel du roman, c'est déjà le chemin parcouru pour arriver à Dros Delnoch. C'est également les actions de préparation de l'assaut. Et puis, quand c'est le moment, quand la bataille fait rage, ça ne dure jamais longtemps, et Gemmell nous raconte plutôt ce qu'il se passe entre deux moments de combat. Les scènes de combat, parce qu'il y en a, sont très immersives, et évitent de s'empêtrer sur les détails sanglants, préférant le recours à l'action et à la stratégie défensive.
Les personnages mis en œuvre dans ce récit sont franchement réussis, notamment Druss la légende, Marche-Mort comme on le surnomme. C'est un héros, un vrai, un dur, un tatoué de cicatrices, auquel on n'a aucun mal à croire, ses rhumatismes et douleurs de vieillesse ne le rendant que plus crédible. J'aurais bien aimé que d'autres personnages soient plus développés, Flécheur en tête. Ulric lui-même, à la tête de son armée de Nadirs, est un personnage honorable, évitant au récit de dégouliner dans un manichéisme simpliste.
Dans Légende, il y a de l'action (beaucoup d'actions), de l'humour (beaucoup d'humour !), de l'amour (un peu trop…), des héros (mais on en redemande), de la magie (juste ce qu'il faut), des morts (pour le réalisme) et le récit est fluide, sans temps mort. Je suis absolument tombée sous le charme de ce livre. Ou en tout cas, de ses 470 premières pages.
Je ne vais pas évoquer la fin de l'histoire ici, ce serait dommage, mais quand même, je me suis sentie flouée sur la toute fin du livre. Non mais, qu'est-ce qui lui est passé par la tête, à David Gemmell, pour nous écrire une épopée belle comme ça, qui se termine n'importe comment ? Tssssss…
Bref, Légende, c'est quand même une très belle découverte réalisée encore une fois grâce à Carolire. Le truc, c'est que je me demande quand est-ce que je vais avoir le temps de lire Druss la légende et Drenaï, la légende de Marche-Mort ??


- Vous ne buvez pas. Il n'y a pas de femmes. Vous ne mangez pas de viande. Comment vous amusez-vous ?
- En étudiant, expliqua Serbitar. Et nous nous entrainons, nous plantons des fleurs, nous élevons des chevaux. Nous n'avons quasiment pas une minute à nous, je peux vous l'assurer.
- Pas étonnant que vous vouliez partir d'ici pour mourir, déclara amèrement Rek.

Je peux apprécier un homme pour ses qualités et débattre quand même sur ses principes.

- Vous ne l'aimez pas, monsieur ?
- L'aimer ? Bien sûr que je l'aime ! gronda le chirurgien. Il tue les gens d'un coup, mon garçon. Ça m'évite du travail.

- Mon cher Hogun, quand une femme est belle, elle attend – comment dirais-je ? – une certaine forme de respect de la part des hommes. Vous auriez dû avoir l'extrême obligeance d'être foudroyé par sa beauté. De devenir muet, ou mieux encore, de bafouiller. Alors, elle vous aurait ignoré et aurait répondu à votre dévotion par un dédain arrogant. Et là, vous l'avez humiliée, elle va vous haïr. Pire que ça, elle va faire tout ce qui est en son pouvoir pour gagner votre cœur.
- Je trouve que ça ne rime strictement à rien. Pourquoi est-ce qu'elle voudrait gagner mon cœur, si elle me déteste ?
- Pour pouvoir être en position de vous mépriser.



La Nuit de Boro Island, de Daniel Coleman, par Gaenaria

Au risque de me répéter par rapport à mon blog, ce roman est pour moi un mystère. L'éditeur m'a en effet expliqué que l'auteur et le traducteur le lui avait présenté comme une histoire vraie. Les références qui ponctuent le texte ont été vérifiées et attestées. Le seul "hic" est qu'il s'agit d'une histoire d'extra-terrestres, en mode complot. Difficile donc d'y prêter sans le moindre doute une quelconque véracité. Mulder aurait-il raison ?

Daniel Coleman est amarré sur une petite île perdue en Irlande et savoure une soirée arrosée à contempler les étoiles. C'est alors qu'il est témoin de l'arrivée puis de la destruction d'un petit zingue par un autre avion, de chasse cette fois, assez évolué. Ce dernier, suite à l'explosion du premier, plane au ralenti sur les lieux, comme s'il cherchait quelque chose dans l'épave ou aux abords. Le souffle court, Daniel se réfugie sur son bateau et attend d'être découvert (et tué ?) par l'avion. Mais ce dernier abandonne et part. Après quelques tergiversations, Daniel décide de quitter aussi les lieux, et c'est alors qu'il découvre, pendouillant à son bateau, un bras arraché auquel est menotté une valise. Très certainement l'objet recherché par l'avion de chasse. La curiosité est un vilain défaut, pourtant Daniel ouvre la valise et découvre des preuves intangibles de l'existence et de la rencontre d'extra-terrestres avec des dirigeants américains d'il y a 60 ans. C'est plus certainement la malchance d'avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment qui va conduire le narrateur à une course poursuite à travers le monde, pour fuir des hommes de l'ombre bien décidés à le faire taire.

Si l'on met de côté ce doute sur la véracité de l'histoire, qui pourtant apporte toute sa saveur à cette lecture, on peut tout à fait aborder ce roman comme un bon thriller SF plaisant et palpitant. On enchaîne les pages pour découvrir avec avidité le devenir du narrateur, pour en savoir plus sur ce complot, pour connaître la fin en redoutant le pire… On referme le livre en souhaitant vivement rencontrer l'auteur et lui poser LA question : c'est vrai ? Sans être frustré de ne pas savoir, on a la satisfaction d'avoir vécu un bon moment d'action et de divertissement, et de refermer ce livre pour retourner à notre petite vie (monotone ?) moins dangereuse… tout en se guettant les infos ?

Pas mal du tout !


Légende, de David Gemmel, par Nakiami


On m'a dit un jour qu'en fantasy David Gemmel est une référence, et qu'il faut absolument le lire. J'avais donc à l'époque acheté son célèbre Légende, afin de m'y plonger. Mais le temps a passé et ma liste de livres à lire n'a fait que grandir, Légende a donc été mis de côté. J'ai finalement profité de l'événement de CaroLire pour l'y inscrire, et le propulser enfin en tête de mes livres à lire...

Légende, c'est l'histoire d'une guerre. Ou plutôt d'une bataille perdue d'avance opposant environ 10 000 Drenaïs essayant de défendre Dros Delnoch aux centaines de milliers de Nadirs qui tentent de détruire la cité. La mission est impossible, mais c'est sans compter sur l'aide de Druss la Légende, le Marche-Mort, un héros invaincu qui a maintes fois inversé le sort d'une bataille... et qui a aujourd'hui une bonne soixantaine d'années. Un héros rouillé, qui va tout donner encore une fois pour que Dros Delnoch résiste le plus longtemps possible, sans non plus se faire d'illusions sur l'issue de la bataille. Druss est venu à Dros Delnoch y affronter la Mort une dernière fois.

Il s'agit donc ici d'une guerre, mais la bataille à proprement parler est très brève dans le récit. Nous passons bien plus de temps à la préparer, en voir tous les enjeux, les différents acteurs, les tactiques, ou encore comment la simple présence d'un héros peut remonter le moral des troupes et redonner un nouvel espoir à un peuple désespéré. J'avais un peu peur que la guerre soit omniprésente, et j'ai été bien contente de voir que ce n'est pas le cas. Et c'est selon moi ce qui fait tout l'intérêt de cette histoire. On ne peut que trouver Druss sympathique, héros vieillard qui n'a de cesse de défier la Mort, mais les personnages secondaires le sont tout autant, comme Rek, le berserk, Virae, Flécheur ou encore les Trente et leur magie puissante.

J'ai bien aimé. Légende est plaisant à lire, le sujet est intelligemment conté. Mais c'est tout. Je n'ai pas eu cet élan que j'attends des grandes sagas fantastiques, qui me fait frémir à chaque fois que j'ouvre le livre ou que j'y pense. Je n'ai pas eu de coup de cœur. Oui, c'était bien, j'ai passé un bon moment, mais c'est tout, et je dois avouer que j'en suis assez déçue, on m'avait tellement vanté les mérites de l'œuvre de Gemmel !
Je lirai très certainement un jour Druss la légende, et également La Légende de Marche-Mort, mais bien plus par envie de retrouver le héros et d'en apprendre plus sur lui que par intérêt pour le Cycle de Drenaï.

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Tirage du 1er mai

Gaenaria : Le dernier Lapon, d'Olivier Truc
Nakiami : La nuit des temps, de René Barjavel


Les critiques

La nuit des temps, de René Barjavel, par Nakiami

Cela fait bien longtemps que l'on me vante les mérites et la beauté de La nuit des temps. J'en ressors tout juste, et je suis sans voix. Mais pourquoi donc ai-je attendu si longtemps pour ouvrir ce livre ???
Au cours d'une expédition au pôle Sud, des scientifiques français découvrent un étrange signal provenant de la glace qu'ils sont en train de sonder. Mieux encore, leur appareil révèle la présence de ruines, qui pourraient dater d'il y a 900 000 ans, le signal provenant du cœur de ces ruines. Il ne leur en faut pas plus pour comprendre qu'il sont à l'aube de découvertes cruciales qui remettraient en cause toute l'histoire de l'Humanité.

Wouaouh.
C'est le seul mot qui me vient à l'esprit après avoir lu ce roman. Un petit bijou de beauté et d'originalité. On m'avait vanté cette histoire comme étant la plus belle histoire d'amour de la science-fiction, je trouve que ce n'est pas encore assez pour décrire le lien qui unit Eléa et Païkan. Mais La nuit des temps ne se résume pas du tout à une histoire d'amour, aussi belle soit elle. C'est également l'histoire d'une civilisation merveilleuse, intelligente, très avancée techniquement, mais qui s'est laissé déborder par sa technologie à tel point qu'elle est sur le point de se détruire elle-même. C'est l'histoire de scientifiques passionnés qui s'unissent malgré les différences politiques de leurs pays respectifs afin de comprendre des concepts et technologies qui pourraient résoudre les maux de notre monde, tels que la famine, la maladie, la pauvreté. La nuit des temps est une épopée entre présent et passé futuriste, une quête de la vérité, la révélation de l'amour le plus pur et parfait qui puisse exister. Et il y avait bien longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant émue...
Un véritable coup de cœur, et un véritable coup au cœur. À lire et relire sans modération !
On n’avait jamais vu d’yeux aussi grands, d’un bleu aussi profond. Ils avaient un peu pâli, ils n’étaient plus du bleu de fond de la nuit, mais du bleu d’après le crépuscule, du côté d’où la nuit vient, après la tempête, quand le grand vent a lavé le ciel avec les vagues. Et des poissons d’or y sont restés accrochés.
Devant l’énormité de l’enjeu, personne, bien que ne doutant de personne, n’osait faire confiance à personne – pas même à soi.
- Coban sait... Pensez-vous que cet homme représente un danger pour l’humanité, ou pensez-vous au contraire qu’il va lui apporter la possibilité de faire de la Terre un nouvel Eden ?
- Moi, l’Eden, hein... on n’y a pas été !... On sait pas si c’était tellement formidable !



Le dernier Lapon, d'Olivier Truc, par Gaenaria

Cela faisait un moment que je voulais lire ce polar nordique. C'est chose faite et j'en suis bien contente !

En pleine Laponie, alors que le soleil daigne repointer le bout de ses rayons après une absence de 40 jours, un vol est commis dans un musée dédié aux traditions lapones. Un tambour de chaman a été dérobé. Quelques jours plus tard, on retrouve le cadavre d'un éleveur de rennes, les oreilles tranchées. La police des rennes est conviée à participer à l'enquête. Klemet, un sami ou lapon, et sa coéquipière norvégienne Nina vont tenter de percer ce mystère qui s'épaissit lorsque l'ensoleillement gagne progressivement sur l'ombre de jour en jour. Qu'est-ce que ce tambour faisait entre les mains d'un français depuis la veille de la Seconde Guerre Mondiale ? Et pourquoi, après tout ce temps, l'avoir cédé au centre culturel de Laponie ? L'expédition menée en 1939 semble être la clé à ce mystère. Et quel rapport avec la mort de Mattis, l'éleveur, descendant d'un chaman ? Quel est le motif de la venue d'un géologue français dans ce grand Nord hostile ? Et que cache Aslak, ce sami si proche de la Nature et si éloigné des hommes ? 

J'ai beaucoup aimé ce livre. Il faut savoir prendre le temps de le lire et savourer son rythme un peu lent. Car alors, on est récompensé. En plus d'être un polar sympathique, ce roman est foisonnant d'informations sur la région : que ce soit la peinture de ses paysages, celle plus politiques des tensions qui habitent les habitants "aborigènes" si l'on peut dire, contre les envahisseurs norvégiens, ou encore les difficultés du métier de berger (de rennes), tout y est décrit avec force nuances et finesses, d'un réalisme crédible qui rend cette lecture bien agréable. Je ne connaissais rien à ce peuple, ni son passé, ni son présent, et mise à part la neige, les lieux ne me parlaient pas plus. Maintenant, j'en sais un peu plus, sans pour autant avoir eu l'impression de manger de l'Encyclopédie Universalis ! L'histoire entremêle avec brio enquête policière, et développement des personnages qui se découvrent au gré des événements, et que le lecteur apprécie par leur complexe réalisme (et oui à nouveau). Il n'y a pas de peinture manichéenne ici, les lapons ne sont pas que des rebelles qui recherchent la reconnaissance de leur peuple, mais ils ne sont pas non plus des soumis qui auraient tout oublié. Les norvégiens ne sont pas que des méchants envahisseurs non plus. Et même le plus sauvage de ces personnages recèle une grande sensibilité.

Je le conseille très très chaudement à la lecture ! (et tant pis pour les déçus, moi j'ai adoré).


_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Tirage du 1er août
Gaenaria : Ours, de Diego Vecchio
Nakiami : Liavek, de Robin Hobb


Ours, de Diego Vecchio, par Gaenaria

Entre le moment où l'événement à commencer et le moment où ce titre a été tiré au sort, j'avais déjà lu ce court roman très sympathique et original de Diego Vecchio.
J'en garde un merveilleux souvenir, et laisse justement ma mémoire écrite vous retranscrire mon ressenti…

À Buenos Aires, les enfants sont frappés d'insomnie incurable qui rend la vie de leurs parents impossibles. Mais il existe un remède, sous la forme d'un ours en peluche qui aide les enfants à s'endormir. Une jeune mère part en quête de ce miracle, mais elle fait très vite face à la dure réalité des miracles : ils sont rares et difficiles voire impossibles à atteindre. Dans le magasin de jouets où elle se résout à repartir bredouille, elle trouve un ours en peluche qu'elle pense être le fameux Doux Dodo dans un bac à l'écart. La vendeuse lui rétorque que ce jouet n'est pas à vendre car défectueux. Mais la mère désespérée décide de le voler... Comme vous l'aurez deviné, l'ours en peluche ainsi volé est totalement diabolique.


Ours n'a rien à voir avec une histoire à raconter aux enfants. C'est plutôt une histoire à conter aux adultes, tout fraîchement sortis de l'enfance, et même avec encore un orteil dedans.
Alors non, ce n'est pas non plus un livre d'horreur et l'ours ne va pas chercher à tuer l'enfant (j'entends déjà des "dommage !" au fond). Il va simplement faire l'inverse de ce pour quoi la mère l'a subtilisé, à savoir empêcher l'enfant de s'endormir. Comment ? En lui racontant des histoires. Et c'est ainsi que l'on apprend comment les enfants de Buenos Aires ont été frappés d'insomnie. Il y a des ours, des ogres, des grenouilles et des baisers A. C'est sympathique et frais, c'est assez drôle et sans prétention. C'est à découvrir absolument. Les pages se tournent toutes seules et le ton est léger, l'écriture bien tournée. On compatit avec la mère, on tremble face à l'ogre et on apprécie Esméralda la grenouille. C'est très agréable et surtout ça change, apporte un peu de renouveau dans les lectures.
À lire ! 



Liavek, de Megan Lindholm, Steven Brust & Gregory Frost,
par Nakiami

Dans les années 80, Emma Bull et Will Shetterly ont imaginé un univers Fantasy appelé Liavek, une cité magnifique de bord de mer, dans laquelle chaque personnage reçoit sa dose de chance à chaque anniversaire. Mais seuls les sorciers peuvent exploiter pleinement ce don. Liavek, avec sa magie, son univers au cœur d'intrigues politiques complexes, au carrefour de différents peuples et de différentes cultures grâce à son port, est ainsi devenu le cadre idéal pour de nombreux auteurs, qui en font fait avec le temps un univers partagé foisonnant et passionnant. De nombreuses nouvelles prennent donc leur essor dans cette cité, et l'anthologie proposée par les éditions ActuSF en regroupe cinq, deux écrites par Megan Lindholm, deux par Steven Brust et enfin la dernière, écrite à trois mains, avec le concours supplémentaire de Gregory Frost.

Cinq nouvelles ici, donc, mais qui ont la particularité de mettre en scène les mêmes personnages, dont Kaloo, une jeune fille qui a été adoptée peu après sa naissance par un couple de taverniers, et qui ne connait ni ses parents, ni son jour de chance, ou encore le comte Dashif, un sorcier qui a perdu ses pouvoirs, et qui est devenu un impitoyable agent de l'Éminence Écarlate, craint par le peuple. Au travers de ces cinq nouvelles, nous allons voir ces personnages évoluer, surtout Kaloo, en un ensemble très cohérent, qui fait qu'on n'a pas du tout l'impression d'être face à des nouvelles, mais bien face à un roman dans son ensemble. Même si l'écriture de Megan Londholm a toujours ce petit plus qui fait d'elle l'un de mes auteurs préférés, Steven Brust et Gregory Frost sont clairement à la hauteur et la transition de l'un à l'autre se fait tout en douceur.

C'est le nom de Megan Lindholm qui m'avait au premier abord attirée vers Liavek, ainsi que cette couverture magnifique (ça ne se voit pas sur l'image ci-dessus, mais les feuilles de la robe et les boucles d'oreilles sont en magnifiques fines dorures). Je ne savais rien de la cité Liavek, des univers de fiction partagés, je n'avais même pas vu que c'était un recueil de nouvelles et que deux autres auteurs y avaient participé. Et au final je ne regrette en rien cet achat, cette lecture qui m'a transportée dans ce monde passionnant et magique, aux côtés de Kaloo, tout au long de sa quête d'elle-même. 

J'ai juste trouvé ça trop court, mais j'ai toujours été gourmande ! Un vrai coup de cœur en tous cas !


Parfois un homme doit boire pour penser juste. Parfois, penser juste fait si mal qu’il vaut mieux s’enivrer.

La coïncidence est le fondement de toute magie.
 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire